TELEGRAPHIE SANS FIL
1873-1914



L'aventure commence en 1873, lorsque James Maxwell publie à Londres son "Traité d'électricité et de magnétisme". Physicien théorique, il établit que toute perturbation électrique donne naissance à des oscillations électromagnétiques de fréquences diverses qui rayonnent dans l'espace comme le son, la lumière ou la chaleur, mais ne sont pas perceptibles par nos sens.

En 1887, Heinrich Hertz à Karlshrue, vérifie ces théories par de nombreuses expériences restées célèbres. Les perturbations produites par des étincelles électriques ébranlent l'état magnétique environnant de la même façon que des pierres jetées dans un lac font onduler de proche en proche la surface des eaux. La comparaison poétique est à l'origine de l'emploi du mot "ondes" pour désigner les oscillations électromagnétiques... les ondes Hertziennes.

Trois ans plus tard, Edouard Branly à Paris découvre le premier récepteur sensible de ces ondes. Un petit tube de verre contenant une pincée de limaille métallique. Celui-ci est connu sous le nom de Radioconducteur ou Cohéreur.

A partir de 1895, Lodge, Tesla, Popov, Ducretet, Marconi, Braun, Slaby et bien d'autres vont utiliser ces découvertes pour transmettre des messages "Sans Fil". Les combinaisons de points et de traits vont désormais pouvoir s'inscrire au loin sur l'étroite bande de papier du Télégraphe Morse, sans le secours d'une pesante infrastructure de poteaux, d'isolateurs, de fils, de câbles sillonnant les campagnes et les mers.

Les liaisons sont établies à des distances de plus en plus étonnantes.

1898 - Ducretet - Tour Eiffel-Panthéon - 4 Km.

1899 - Marconi - Douvres Wimereux - 46 Km.

Popov - entre croiseurs de la flotte Russe - 25 Km.

Tissot - au large de Brest - 42 Km.

1901 - Marconi - Antibes-Calvi - 175 Km.

1903 - Marconi - Irlande-Terre-Neuve - 3400 Km.

Les premiers bénéficiaires de la nouvelle technique sont les marins. Désormais ils ne seront plus isolés au milieu des océans. Ils auront la possibilité de communiquer d'un navire à l'autre et avec les continents. En cas de péril, des appels à l'aide, les S.0.S., peuvent être lancés. On équipe d'abord les grands paquebots. Plusieurs sauvetages spectaculaires comme celui du Titanic en 1912 retiennent l'attention du grand public.

Les militaires découvrent également la Télégraphie Sans fil. Ils comprennent les avantages qu'ils peuvent en retirer : rapidité, souplesse de transmission et surtout une certaine sécurité, car les lignes et les câbles sont bien vulnérables en temps de guerre...

Le Capitaine Ferrié (futur Général) avait assisté en 1899 aux expériences de Marconi à Wimereux. Il s'était enthousiasmé. Son action intelligente et énergique pendant trente-deux ans sera déterminante pour l'évolution de la T S F en France.

Sa première réalisation importante est la station de la Tour Eiffel en 1904. Six fils d'antenne accrochés au troisième étage du célèbre monument descendent jusqu'au milieu du champ de Mars. En 1910 son puissant émetteur de 60 Kilowatts est capté dans un rayon de 4000 kilomètres.

Le "détecteur électrolytique" de Ferrié (1900), puis surtout les détecteurs à cristaux comme "la galène" (1907) rendent possible la "lecture au son" du Morse, casque à écouteurs sur les oreilles. Pour une même puissance d'émission, les messages peuvent être captés à des distances beaucoup plus grandes. La cadence de transmission est très supérieure.

Une certaine démocratisation du procédé s'annonce. Les premiers usagers "civils" sont les horlogers et quelques amateurs passionnés qui ambitionnent de recevoir les signaux horaires diffusés par la Tour Eiffel deux fois par jour pendant cinq minutes. Ils règlent ainsi montres et pendules à l'heure exacte de l'observatoire de Paris. En plus ils peuvent s'intéresser aux bulletins de l'office National Météorologique.

Un horloger d'Amboise, Abel Gody construit son "récepteur horaire"... puis il équipe plusieurs de ses confrères. L'entreprise qu'il fonda en 1912 devint importante et fabriqua des récepteurs appréciés pendant près de quarante-cinq ans.

A Lyon, un joaillier-horloger bien connu ne passe pas inaperçu lorsqu'il installe une antenne, trois longs fils parallèles, au dessus du toit de l'immeuble du 32, rue de la République.


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